Origines étymologiques du patronyme MALHOMME


Préambule

D’après les statistiques de l’INSEE, le patronyme MALHOMME est assez rare et de ce fait celui-ci ne figure pas dans les ouvrages spécialisés en onomastique, ou lorsqu’il y figure les informations sont succinctes. Par conséquent, j’ai du en faire l’étude moi-même pour en savoir un peu plus sur ses origines. N’hésitez pas à me contacter pour toute remarque constructive, la connaissance s’accroît lorsqu’on la partage… ;-)

Généralités

Rappelons quelques points importants avant de rentrer dans le vif du sujet...

Les règles de nommage des individus ont variées selon les époques et ont mit un certain temps avant de se stabiliser. Vers le 12ème siècle, les individus ont commencés à avoir un surnom accolé au nom pour les différentier, ce qui peu à peu est devenu un patronyme (nom transmit par le père). Ce n’est qu’au 16ème siècle, avec l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), que les patronymes se sont fixés : François 1er ayant rendu obligatoire la tenue des registres paroissiaux. Malgré tout, nos patronymes ont continués d’évoluer quelque peu avant de prendre leur forme actuelle, notamment à cause de l’écriture parfois phonétique de certains curés. L’origine étymologique des patronymes fait donc appel au latin et à l’ancien Français, et ces deux langues sont incontournables pour appréhender le sens et les mutations des patronymes nés en France.

Pour en savoir plus sur l’histoire des noms de famille : http://jeantosti.com/noms/generalites.htm

Origines étymologiques

Il y a différentes origines possibles au patronyme MALHOMME, et à priori toutes les variantes sont aussi probables.

Tout d’abord on pense au sobriquet "mauvais homme". Que ce soit en latin ou en ancien français, le sens premier de chacun des termes du patronyme ne fait aucun doute. En latin male, mal, autrement qu’il ne faut, et homo, homme [1]. En ancien français, mal-, mal, mauvais, préfixe péjoratif faisant porter un jugement défavorable sur le contenu de la racine avec laquelle il se combine, et ome, homme [2]. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que les surnoms à l’origine des patronymes ont été formés au moyen âge et que le sens de l’humour de l’époque nous échappe quelquefois. Le sobriquet "mauvais homme" ne doit donc pas forcément être pris au sens littéral. Ainsi, le patronyme MALHOMME pouvait faire référence à un homme de mauvaise fréquentation, ou mal constitué (accident ou déformation à la naissance), ou d’une façon générale "autrement qu’il ne faut" de par son comportement ou son aspect physique. D'autre part, l'ancien français nous renseigne sur un autre sens du terme ome : vassal, qui dépend d'un autre, qui appartient à un autre [2]. Le sobriquet "mauvais homme" prend alors le sens de "mauvais vassal" et pouvait par exemple faire référence à un vassal ne remplissant pas ses charges, désagréable, habitué à la tromperie, ou tout simplement méchant.

La seconde origine possible fait référence à un lieu-dit avec le sens de "mauvais orme" (du latin ulmus, orme) [3]. Le patronyme MALHOMME désigne alors celui qui est originaire d'un lieu-dit du même nom, caractérisé par la présence d'un orme particulier par sa fonction, son aspect, sa réputation, etc. Par exemple, le sens de "mauvais orme" pouvait faire référence à un orme mal formé. D’autre part, il faut savoir que l'orme était un arbre très important au moyen âge. Outre ses qualités de bois dur résistant très bien à l’humidité et ses propriétés médicales, c'est sous son ombre que l’on rendait la justice... ce qui en fait un arbre hautement symbolique [4] [5]. On peut donc facilement imaginer que dans certains cas, le sens de "mauvais orme" faisait référence à "l’orme sous lequel on jugeait ce qui était mal".

Enfin, on notera qu’il existe d’autres patronymes issus du mot "orme" dont voici quelques exemples : BELHOMME (bel orme), HOMMET (lieu planté d’arbres), HOMS (orme), LHOMME (l’orme), OMS (orme). Tous ces patronymes sont à rapprocher des nombreuses communes et hameaux tels que Belhomme (01, 87), Hommes (37), Hommet (14), Le Hommet (50), Lhomme (35, 72), Lomme (59), Lorme (01, 51, 58), L’Orme (42, 69), Lolme (24, 43), Le Houlme (76) [6].

Nota : Les patronymes associés à des lieux sont très courant, mais ça ne se voit pas toujours au premier coup d’oeil. Exemple : DELAN, patronyme très répandu dans l’Aisne, s’écrivait DELAON ou DE LAON vers 1750, et signifie "de la ville de Laon".

Sources

[1] Dictionnaire Latin-Français, Félix Gaffiot, Hachette, 2000.
[2] Dictionnaire de l'ancien français jusqu'au milieu du XIVe siècle, A.J. Greimas, Larousse, 1968.
[3] Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, C. Rostaing / A. Dauzat, Guénégaud, Paris.
[4] http://les.arbres.free.fr/fiche-orme.php (fiche caractéristique de l’orme)
[5] http://mythes.foret.free.fr/arbres.html (symbolique médiévale du bois)
[6] http://www.gencom.org (recherche des communes en France)

Bibliographie plus complète : http://jeantosti.com/noms/biblio.htm



Màj le 19/04/2006 Retour à l'accueil